25 avril : l’Australie se souvient
Retour sur la plus grande commémoration australienne, entre histoire, mémoire et transmission.
Bienvenue dans cette nouvelle chronique de Rendez-Vous Australie !
Les week-ends prolongés s’enchaînent en Australie (et ailleurs), et c’est peut-être l’occasion de ralentir un peu… ou de voyager depuis son canapé. Alors si vous avez envie de découvrir un pan essentiel de la culture australienne, vous êtes au bon endroit !
En ce 25 avril, jour de l’ANZAC, nous vous proposons de plonger dans l’histoire d’un moment clé du calendrier australien : une journée de mémoire, de solidarité et d’identité. L’ANZAC Day, ce n’est pas seulement une date — c’est un miroir de l’histoire et de l’âme du pays.
Merci d’être là, belle lecture et à très bientôt 💌
La journée de l’ANZAC (ANZAC Day) est un pilier de la culture australienne. Chaque 25 avril, elle rend hommage aux anciens combattants et aux soldats tombés au combat. C’est une journée de recueillement profondément ancrée dans le quotidien des Australiens : beaucoup se lèvent avant l’aube pour assister au Dawn Service, depuis leur salon ou au pied des monuments aux morts. Retransmise en direct dès 4h30 du matin à la télévision, cette cérémonie réunit des millions de personnes, en Australie comme à l’étranger.
Un engagement fondateur pour l’Australie
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, l’Australie est une jeune nation. Le Commonwealth d’Australie n’existe que depuis 1901. Pourtant, dès septembre 1914, elle envoie un contingent en Nouvelle-Guinée allemande (actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée). En 1915, elle unit ses forces à celles de la Nouvelle-Zélande pour former l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps). Le 25 avril 1915, les troupes débarquent à Gallipoli, en Turquie, mais la campagne est un désastre sanglant : plus de 12 000 soldats australiens et néo-zélandais y perdent la vie.
Trois ans plus tard, dans la nuit du 24 au 25 avril 1918, l’armée australienne réussit un fait d’armes crucial en repoussant les forces allemandes à Villers-Bretonneux, dans la Somme, sauvant ainsi Amiens d’une occupation et permettant une contre-offensive alliée. Ce moment marquera durablement les liens entre la France et l’Australie.
En tout, près de 450 000 Australiens sont mobilisés pendant la Première Guerre mondiale, soit environ 10 % de la population. 60 000 d’entre eux y laisseront la vie. Les officiers français et les Poilus, dans leurs correspondances et témoignages, ne cesseront de louer unanimement les qualités individuelles et collectives de dynamisme et de courage de ces soldats venus du bout du monde.
Un jour férié au cœur de l’identité nationale
Dès 1916, l’ANZAC Day est célébré à travers le pays. Il devient jour férié officiel en 1921. Plus qu’un hommage, c’est un moment de construction de l’identité nationale. Pour de nombreux Australiens, Gallipoli et Villers-Bretonneux symbolisent la naissance d’un esprit collectif, fait de bravoure, d’endurance et de solidarité — parfois idéalisé, comme le soulignent certains historiens.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’ANZAC Day rend désormais hommage à tous les Australiens morts dans les conflits militaires et les opérations de maintien de la paix.
Aujourd’hui, il s’agit de la plus grande commémoration du pays, devant le Remembrance Day du 11 novembre ou le Victory in Europe Day du 8 mai.
Une commémoration aux quatre coins du monde
Les cérémonies du 25 avril ont lieu dans tout le pays, mais aussi en Nouvelle-Zélande, en Turquie, en France, en Belgique, en Angleterre, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Cook, aux Samoa ou encore à Niué. Le Dawn Service a lieu à l’aube, généralement autour des monuments aux morts, commémorant ainsi le débarquement des troupes sur la péninsule de Gallipoli aux aurores du 25 avril 1915.
La cérémonie comprend des prières, des hymnes, des discours, une minute de silence et un dépôt de gerbes. Dans la journée, des défilés militaires sont organisés, mêlant anciens combattants, descendants et membres des forces armées.
Les Australiens arborent souvent un brin de romarin — symbole de Gallipoli — ou un coquelicot rouge en boutonnière (red poopy), héritage des champs de bataille européens, sur lesquels cette fleur sauvage repoussa sereinement.
Un biscuit en héritage
C’est aussi l’occasion de (re)découvrir les célèbres ANZAC biscuits. Conçus pour durer pendant le transport vers le front, ces biscuits sont à base de flocons d’avoine, farine, sucre, noix de coco, mélasse et beurre. Ils font désormais partie intégrante de cette journée de mémoire.
📺 La cérémonie officielle se tient à l’Australian War Memorial à Canberra. Elle est retransmise sur ABC dès 4h30 du matin, et accessible en ligne sur le site de la chaîne.
💬 À découvrir dans la prochaine chronique : le destin bouleversant d’un soldat australien et de sa famille, entre guerre, désertion et transmission. Une autre facette de l’ANZAC Day, racontée avec émotion par sa petite-fille.